François Désiré Barbiot est né le 9 Pluviôse an XIII (29 janvier
1805) à Pont-Sainte-Maxence, dans l'Oise, du mariage de Jean Dominique Barbiot et
Marguerite Joséphine Marie Barras, journaliers. C'est le frère de Pierre
Dominique Barbiot, dont j'avais parlé lors de mon rendez-vous ancestral du mois de février et c'est mon ancêtre direct du côté maternel, mon SOSA 120.
Il se marie le 7 novembre 1826, à l'âge de 21 ans, à Pont avec une fille du village, Marguerite D'Huicque, 20 ans.
Pendant
plus de 20 ans, il exerce la profession d'ouvrier mégissier,
c'est-à-dire qu'il fait tomber la laine de la peau des brebis et
moutons.
© D. Chatry 1997 |
Dans les années 1830, on compte d'ailleurs 2 tanneries et 3 mégisseries à Pont (Précis statistique sur le canton de Pont-Ste-Maxence, Louis Grave, 1834, disponible sur Google Books).
Les actes d'état civil et les recensements confirment son métier de mégissier jusqu'en 1846.
Entre
cette date et 1849, il change de professions. En effet, le 20 juillet
1849, alors qu'il vient déclarer le décès de son premier fils, Alexandre
Benjamin, 16 ans, François Désiré indique exercer la profession
d'employé de la compagnie du chemin de fer du Nord.
La
gare de Pont-Sainte-Maxence avait été ouverte deux ans plus tôt, le 21
octobre 1847, au moment de l'ouverture de la section Creil-Compiègne sur
la ligne Creil-Saint-Quentin par la Compagnie des Chemins de fer du
Nord.
A cette
époque, il a alors 7 enfants. On peut imaginer qu'il a voulu intégrer
cette compagnie dans l'espoir de subvenir plus convenablement aux
besoins de sa famille.
Cette décision ne sera sans doute pas la plus heureuse de sa vie.
En
effet, on retrouve la trace de François Désiré dans un entrefilet du
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement daté du 28
janvier 1853. Il vient de vivre un drame.
Le 21 janvier 1853, à quelques jour de son 48ème anniversaire, il se trouve à la gare de Pont-Ste-Maxence.
Gare de Pont-Sainte-Maxence, L'arrivée du train - AD 60 cote 19 Fi 219 |
Et
là, alors qu'il est occupé à "arranger" un wagon par l'arrière, il est
écrasé par un autre wagon poussé par le vent. Écrasé entre les tampons
des deux wagons, son coude droit est broyé.
La
blessure est si grave que François doit alors subir l'amputation de son
bras droit. Cette opération est menée par trois médecins : le médecin
de la compagnie, un médecin de Pont-Sainte-Maxence et un médecin
militaire.
L'article
précise que l'administration du chemin de fer "toujours si
bienveillante pour ses employés dans de pareilles circonstances, viendra
certainement à son secours".
![]() | |
Journal de Saint-Quentin et de l'arrondissement, 28/01/1853, A35 N2102 - Retronews |
Malheureusement,
je pense que je ne trouverai pas de trace d'un quelconque secours
adressé à mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père puisque, sauf
erreur de ma part, les archives de la compagnie conservées aux archives
nationales sont postérieures à cet accident.
Et
pourtant, j'espère très fortement qu'il a perçu un dédommagement suite à
cet accident. D'une part, la sécurité sociale n'existant pas, je ne
sais comment il a pu payer les frais médicaux. D'autre part, cette
amputation a dû donner lieu à une longue convalescence et avec le seul
salaire de sa femme, journalière, nourrir toute la famille devait être
encore plus difficile.
François
Désiré survit donc à cette opération mais ne travaillera plus jamais à
la compagnie des chemins de fer du Nord; il exercera jusqu'à la fin de
sa vie le pauvre métier de marchand de peaux de lapins.
© D. Chatry 1997 |
Il
meurt à l'âge de 75 ans le 28 juin 1880 chez lui, à
Pont-Sainte-Maxence, sans être parvenu à sortir sa famille de la misère.
Nota Bene : Bien que son prénom ne soit pas cité dans l'article, j'ai eu la confirmation qu'il s'agit de mon aïeul car dans les recensements postérieurs à l'accident, il est bien précisé que François est amputé du bras. Quoique selon les recensements, il est amputé du bras droit ou du bras gauche! Mais c'est bien le seul Barbiot déclaré infirme.