dimanche 11 novembre 2018

En l'honneur des combattants de la Première Guerre Mondiale


Bon, cela fait bien longtemps que je n’ai rien publié ici : manque de temps, manque d’inspiration ou peut-être un peu de fainéantise aussi, avouons-le. Mais là, je ne pouvais pas rester silencieuse à l’approche du Centenaire de la fin de la Grande Guerre qui me touche particulièrement.

Alors, en l’honneur des soldats engagés dans ce premier conflit mondiale, d’où qu’ils viennent, qu’ils n’en soient pas sortis vivants ou qu’ils en soient revenus blessés ou indemnes, du moins physiquement, je vais vous présenter le parcours militaire de mes trois arrière-grands-pères et d'un de mes arrière-grands-pères pendant la Première Guerre mondiale, quatre humbles soldats parmi des millions et qui ont eu la chance d’en revenir.
Préparatifs de l'exposition Wool War One - Collection personnelle


Georges Ernest Deharvengt est né le 24 septembre 1876 à Montigny en Cambrésis (59) mais arrive très jeune dans le petit village de Saint-Thibault des Vignes, en Seine et Marne. C'est donc dans les fiches matricules de Coulommiers que l'on peut retrouver trace de son parcours militaire (ou grâce à son livret militaire qui par chance a été conservé dans la famille... :) ).
Il effectue ses deux ans de service militaire à partir de 1897 (il bénéficie d'une durée réduite en raison de son engagement à être instituteur pendant une période de 10 ans). Il passe dans la réserve en 1900 avec le grade de sergent. 
Le 2 aout 1914, malgré ses 38 ans, sa femme et ses trois jeunes enfants, Georges répond à l'ordre de mobilisation générale et s'engage comme volontaire pour la durée de la guerre.

Il est d'abord incorporé dans le 36ème régiment d'infanterie territoriale. Au début de l'année 1915, du fait des nombreuses pertes humaines, il est transféré, comme beaucoup d'autres territoriaux, dans des régiments actifs et d'abord le 276ème régiment d'infanterie.

Georges Deharvengt, assis, à gauche - Collection personnelle
Georges ne quitte alors plus les unités combattantes jusqu'à sa démobilisation le 30 décembre 1918 : il participe aux combats au sein des 129ème et 367ème régiments d'infanterie. Durant ces 4 années de guerre, il obtient ses galons d'adjudant et de sous-lieutenant puis en 1920, ceux de lieutenant.



Il est cité le 15 septembre 1915 pour avoir "brillamment secondé son chef de section par ses qualités d'énergie et de courage et a contribué efficacement à enrayer une tentative d'attaque". A cette occasion, il est décoré de la Croix de guerre "Étoile de bronze".

Le 25 avril 1916 à 19 heures, il est rendu sourd par l'explosion d'un obus alors qu'il combat à proximité de la tranchée de la sapinière, dans l'Argonne.

Sa mère décède le 12 novembre 1916 à l'âge de 64 ans tandis qu'il se trouve à Verdun. Afin de commémorer son souvenir, Georges portera un brassard noir jusqu'à la fin de la guerre. 
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire le 25 juillet 1929. 

Après la guerre, il reprend son métier d'instituteur, voit la naissance de sa dernière fille en mai 1919 et conservera toute sa vie un rôle dans la vie de la Cité, notamment en devenant maire de son village.
Il meurt le 19 février 1958 chez lui, à l'âge de 81 ans.



François "Gustave" Paget est né le 3 mars 1881 dans le XIème arrondissement de Paris. Orphelin alors qu'il est âgé d'une dizaine d'années, il est recueilli par un oncle et réside donc à partir de ce moment au Vaudioux, tout petit village proche de Champagnole (39).

Gustave Paget au Tonkin - Collection personnelle

Commis ambulant aux PTT lors de son inscription sur les registres matricules de Lons le Saunier, il se porte volontaire pour le service colonial en 1903 et participe aux opérations de pacification au Tonkin entre le 1er octobre 1903 et le 17 août 1905. Un mois plus tard, il passe dans la disponibilité de l'armée active.

Trois ans de Guerre mondiale ayant déjà bien décimé l'armée française, Gustave est "remis dans le droit commun" et est affecté au 7ème bataillon du génie le 1er juin 1917, alors qu'il est déjà âgé de 36 ans et père de 2 enfants. Il combat notamment sur les terres de Champagne.

Il rejoint la 1ère compagnie de ce bataillon le 4 juin 1918 mais est blessé au combat le 18 juillet par un éclat d'obus à la poitrine et traversant l'avant bras droit.Il est alors évacué vers l'hôpital auxiliaire n°1 de Clermont-Ferrand où il reste jusqu'au 29 octobre 1918. A cette date, il retrouve ses frères d'armes pour les derniers jours de combat.


Il est démobilisé le 28 février 1919. Il retourne alors chez lui, à Paris, auprès de sa femme et de ses enfants.
Il décède chez lui, à Paris, le 5 février 1949, à l'âge de 67 ans.




Jean Antoine Thonat est né le 5 juin 1895 à Lorlanges (43). Il a donc à peine 20 ans lorsque la guerre éclate. Pourtant il est déjà orphelin de père et réside à Londres où il est maître d’hôtel (bien que sa situation professionnelle et son départ pour Londres m’intrigue, je n’ai pas encore creusé cet élément...).
Il sait lire et écrire et est incorporé à compter du 16 décembre 1914 en qualité de soldat de 2ème classe.
Il intègre le 414è RI le 15 octobre 1915 avec lequel il combat notamment sur le Plateau de Lorette et à Verdun.
À compter du 21 avril 1916, il est toujours à Verdun mais rejoint le 171e RI. 
Malheureusement, le 20 mai 1916, Jean est évacué vers l'arrière en raison d'une intoxication par les gaz. Guéri un mois plus tard, il réintègre son régiment et combat à Soissons. 
Fiche matricule de Jean Antoine Thonat - AD 43 1R 1033 vues 646 à 648
La guerre et ses privations a sans doute affaibli la santé de Jean puisqu'à partir de cette date, il alternera les séjours à l'hôpital pour maladie et le retour au front. Il combattra notamment au Chemin des Dames, dans les Vosges, en Picardie...

Après la fin de la guerre, en 1919, il est réformé temporairement en raison d'une invalidité temporaire en raison de troubles digestifs, de problèmes pulmonaires (une sclérose légère des sommets, pour les amateurs...) et divers autres faiblesses. Cette réforme sera renouvelée en 1921 et 1922. 

Le 27 avril 1921, il se marie avec Marie Léontine Fournier dans le petit village de La Chomette, voisin de son village natal. Ils s'installeront à Paris et tiendront une boutique d'articles de voyage Rue de Lyon, près de la gare de Lyon. Ils auront 3 enfants.
Jean décède à l'Hôpital Saint-Antoine à Paris le 12 mars 1972.






Jules Marie François Thiery est né le 15 aout 1870 à Buxières sous les Côtes, dans la Meuse, à 45 km de Verdun. Il est le père de mon arrière-grand-père Jean, âgé de 7 ans au début de la guerre. Il est également le père de trois autres enfants vivants en 1914.

Il a effectué son service militaire en 1890 dans les services auxiliaires pour cause de "chevauchement des deux cinquièmes orteils".

Le jour de la mobilisation générale, à 44 ans, il est rappelé à l'activité mais est finalement renvoyé dans ses foyers le 4 aout.

Le 4 février 1916, la commission de réforme le  classe à nouveau dans le service armé : il sera affecté au 6ème escadron du train des équipages, ce corps qui gère la logistique et le transport de matériel, de munitions... pour l'armée française. Il arrive au corps le 3 mars 1916.

Un peu plus d'un an plus tard, le 13 juillet 1917, il est détaché comme agriculteur le 13 juillet 1917 à Etragel, dans les Pyrénées Orientales.

Rappelé au service actif, il intègre le 10 novembre 1917 le 53ème régiment d'infanterie auprès duquel il combattra jusqu'à l'Armistice, notamment en Champagne, puis dans la Somme et enfin les Ardennes.

Il est finalement libéré définitivement de toutes ses obligations militaires le 10 décembre 1918. Il retourne alors chez lui, à Buxières, qui a subi de lourdes pertes, tant humaines que matérielles.

Il y décède le 3 mai 1949.

Les destructions à Buxerulles, petit hameau à côté de Buxières
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Je ne sais rien de la façon dont ils ont vécu ce conflit, ce qu'ils ont ressenti en voyant leurs frères d'arme tomber à côté d'eux. Je ne les ai bien sûr pas connus et aucune lettre, aucun carnet n'a été conservé(e) jusqu'à nos jours, à ma connaissance.

Ce que je sais en revanche, c'est que je mesure la chance qu'ils ont eu d'en revenir vivants. 

Aujourd'hui, jour du Centenaire et depuis quelques temps, les Poilus de 14 sont dans nos esprits, font la une des médias et sur les réseaux sociaux. J'en suis absolument ravie et souhaite vraiment que cet engouement ne s'arrête pas à cette journée et que les bleuets qui ont fleuri sur les vêtements de nos politiques et nos journalistes continuent d'être fièrement arborés encore longtemps. 

Pour que vive le souvenir de mes arrière-grands-pères et celui de tous les combattants de la Première Guerre mondiale, afin que leur sacrifice n'ait pas été vain.

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